LA COMPOSITION OU L’ART D’ORGANISER L’ESPACE

LA COMPOSITION

OU L'ART D'ORGANISER L'ESPACE

 

La composition fait la synthèse entre :

 

Ä     Les éléments de l'œuvre,

Ä     Les dimensions du support,

Ä     La volonté expressive de peindre, votre intention, ce que l'on veut transmettre.

 

Un tableau est d'abord une surface plane recouverte de couleurs assemblées en un certain ordre. C'est de cet « ordre » qu'il est question ici.

 

Les objets ne sont pas posés les uns à côté des autres accidentellement. Ils sont répartis selon une composition, comme si vous posiez les meubles dans une pièce. Chaque fous, les yeux cherchent un équilibre entre les pleins et les vides. Des liens invisibles sont créés concrètement en unissant les objets. C'est une structure, une armature, un ordonnancement qui rendent les parties dépendantes de l'ensemble.

 

En littérature, le plan de votre dissertation montre le cheminement de votre pensée. Dans l'œuvre picturale, la composition entraîne le spectateur, elle est la marque de votre volonté, de votre choix. La composition n'est donc pas un effacement, normalisation ou neutralité.

 

Il peut y avoir audace, choc, drame car elle est au service de l'expression. C'est au compositeur de mettre en équilibre les éléments de son œuvre de sorte que les yeux du spectateur se déplacent sur le support.

 

La structure est conduite par le thème plastique directeur. C'est une résultante des choix de l'auteur :

 

Pour un sujet réel ou abstrait imprégné de sensibilité, de culture…

 

Organisation des lignes

Organisation des volumes  

Organisation de la lumière   

Organisation des couleurs                                                          

 

donnent un thème plastique directeur                                 

 

--> c'est la composition

 

Le thème plastique directeur sera statique ou dynamique selon la prédominance des lignes droites (verticales,  horizontales ou obliques ) ou des courbes.

 

Ä     Les lignes droites donnent un squelette, sec, évitant la mollesse. Une dominante d'horizontales et de verticales donne une impression d'immobilité, de silence. Chez les Cubistes, l'organisation géométrique est recherchée, évoquant une grille, un réseau qui sous-tend les compositions. L'oeil s'avance de case en case à la rencontre de compositions optiques secrètes, imprévisibles, fragiles.

 

Ä     Les diagonales ascendantes sont plus optimistes et souvent utilisées en publicité.

 

Ä     Les lignes courbes sont plus proches du geste physique du bras, de la main qui dessine. Il ne suffit pas de montrer des danseurs  pour raconter leur danse, il faut que les lignes sautent, tournent, s'arrêtent, reprennent avec les tâches, les formes et les couleurs.

 

En 1925, le style Art Déco utilisait des formes géométriques tandis qu'en 1900, tout était dans les courbes (art floral des entrées du métro, par exemple).

Il faut doser. Certaines modes exagèrent souvent les tendances.

 

Les tasses de thé sur le tableau de Juan Gris n'ont pas plus d'importance que leur environnement. C'est l'ensemble qui compte, l'intimité des indications, la connivence des signes.

 

 

JUAN GRIS « LES TASSES DE THE »

JUAN GRIS « LES TASSES DE THE »

  SCHEMA DE LA STRUCTURE

 

 

 

L'enseignement de Kandinsky « nature morte à la corbeille »,

 

Les quatre degrés de l'analyse (cours de Kandinsky 1929)

 

1 – redessiner l'œuvre en la simplifiant.

2 – retrouver les formes géométriques de l'œuvre.

3 – chercher les directions, les formes inscrites ou circonscrites, le centre de gravité.

4 – chercher les lignes de force.

 

 

u Pour se familiariser avec le jeu des lignes, on peut s'entraîner en traçant les lignes de forces sur des œuvres en superposant un calque. Ainsi on devinera leur structure.

Aussi, on peut se créer un répertoire de compositions qui permettra de maîtriser ses propres compositions.

 

IDEE:

Pour trouver facilement des œuvres d'art sur Internet, aller dans google ou yahoo, par exemple, aller dans « images ». Taper le nom d'un peintre. Ainsi, vous aurez une quantité importante et diversifiée d'œuvres de ce peintre. Enregistrez-les dans un dossier. Vous pourrez ainsi les découvrir et les étudier à votre aise. En les imprimant vous pourrez écrire dessus, les découper pour toutes vos études.


La recherche d'équilibre :

 

La structure est soumise aux contraintes du format: la surface du tableau et  les tensions apportées par chaque signe sur cette surface.

 

Ainsi, les lignes médianes et diagonales figent le dynamisme. Elles sont à proscrire si l'on ne veut pas avoir une sensation de vide, d'ennui, de pauvreté.

 

Afin de rompre la monotonie et d'atténuer la sècheresse des lignes, on a recours :

 

Ä     au décalage par rapport aux axes,

Ä     aux lignes discontinues.

 

Ensuite pour chaque déséquilibre par rapport aux directions, aux vides, il faut compenser.

 

 

la surface de repos représentant les vides, participe activement à l'œuvre.

 

 

v Pour se familiariser avec l'emprise d'une ligne sur la surface d'une œuvre, prenez des feuilles de papier et pliez-les pour former des lignes à l'endroit que vous désirez. Compensez les déséquilibres en ajoutant d'autres pliures plus petites respectez les vides. Vous pouvez les comparer avec les tracés obtenus en 1. Gardez les meilleures pour des compositions ultérieures…………………………………………………….              

Le point de vue

Le changement du point de vue change la composition de l'image. En effet, la forme d'un objet ne sera pas la même si il est représenté ou photographié selon deux points de vue différents.

Choisir un point de vue inhabituel peut montrer un objet banal sous un nouvel angle et changer le regard du spectateur sur cet objet.

En choisissant où vous placez l'horizon dans votre composition, vous changez l'expression de l'image. Un point de vue bas, inclue de façon plus importante le premier plan et fait rentrer le spectateur du bas vers le haut de l'image. Un personnage pris en contre plongée lui donnera un air dominateur. Inversement, un point de vue élevé vous détache de la scène. Vue de haut, un personnage semble plus petit et dominé.

L'échelle

Vous pouvez jouer avec l'échelle dans une composition à condition que vous donniez des indices visuels qui permettent à l'observateur d'apprécier cette échelle. En plaçant un objet connu sur l'image vous révèlerez par comparaison le petitesse ou le gigantisme des autres éléments.

Le relation entre le premier plan et le second plan

Vous pouvez, en jouant sur plusieurs plans, simuler la profondeur. Pour cela vous pouvez intervenir sur la profondeur de champs ou la superposition des objets. Arrangez-vous pour que les différents plans ne rentrent pas en concurrence. Un plan sera mis en avant si il est plus net que les autres ou plus contrasté.


Le nombre d'or : depuis toujours, l'homme a un penchant ou subit une attraction pour un certain rapport de la proportion. Est-ce culturel ?... on le retrouve dans les pyramides et dans les temples grecs. C'est la règle du nombre d'or. Le nombre d'or a une fonction équilibrante naturelle pour l'œil et l'esprit.

 

Le nombre d'or se trouve parfois dans la nature ou des œuvres humaines, comme dans les étamines du tournesol, des coquillages ou dans certains monuments à l'exemple de ceux conçus par l'architecte Le Corbusier. Il est aussi étudié comme une clé explicative du monde, particulièrement pour la beauté. Il est érigé en théorie esthétique et justifié par des arguments d'ordre scientifique ou mystique : omniprésence dans les sciences de nature et de la vie, proportions du corps humain ou dans les arts comme la peinture, l'architecture ou la musique.

 

Lorsqu'un segment de droite est divisé en deux parties inégales, le rapport entre la partie courte et la partie longue est égal au nombre d'or.

 

       

 

Ce nombre vaut approximativement 1,618.

  

soit quand on veut partager un segment en deux suivant l'harmonie du nombre d'or,  on respecte les proportions suivantes :

pour un segment de 10 cm, le petit morceau mesure environ 3.82cm et le grand  6.18cm

pour un segment de 20 cm, le petit morceau mesure environ 7.64cm et le grand  12.36cm

pour un segment de 30 cm, le petit morceau mesure environ 11.46cm et le grand  18.54cm

pour un segment de 50 cm, le petit morceau mesure environ 19.10cm et le grand  30.90cm

 

Le nombre d'or intervient dans la construction du pentagone régulier et du rectangle d'or obtenu ainsi à partir du carré :         

  

 

homme vitruve

spirale d'or

La peinture est un des domaines d'étude les plus vastes du Nombre d'Or. En effet des centaines d'artistes l'ont utilisé mais ce qui paraît fort étrange est que dans certains cas, ces artistes ne l'avaient pas fait exprès.

 


La Naissance de Vénus, Botticelli

Le format du tableau correspond à un rectangle d'or. Le groupe des Vents, à gauche du tableau, le personnage de la Grâce à droite, s'inscrivent dans des rectangles d'or et plus précisément le long des diagonales de ces rectangles d'or. Il est possible également de tracer deux cercles dont le diamètre correspond au côté de ces rectangles d'or. Le cercle de gauche renferme le groupe des Vents et Vénus, le cercle de droite Vénus et le personnage de la Grâce. Le Nombre d'Or apporte donc une clef à la composition de ce tableau.

L'ikebana japonais

la Voie des fleurs est un art traditionnel  japonais basé sur la composition florale.

Au contraire de la forme décorative des arrangements floraux dans les pays occidentaux, l'arrangement floral japonais crée une harmonie de construction linéaire, de rythme et de couleurs. Alors que les Occidentaux tentent d'accentuer la quantité et les couleurs des fleurs, portant leur attention essentiellement sur la beauté de la fleur, les Japonais accentuent l'aspect linéaire de l'arrangement. Ils ont développé un art qui valorise aussi bien le vase, les tiges, les feuilles et les branches que la fleur elle-même. La structure complète de l'arrangement floral japonais est axée sur trois points principaux symbolisant le ciel, la terre et l'humanité, à travers les trois piliers, asymétrie, espace et profondeur.

 

 

Quand vous mettez une fleur à gauche, il faut  « inventer » quelque chose de l'autre côté. Un signe pèse sur l'espace comme un élément de mobile aérien.

Mais le vide peut participer à l'équilibre, à vous de trouver le moment, l'endroit où cela prend corps et devient un tout autonome.

L'IKEBANA allie la simplicité et le dépouillement pour obtenir l'équilibre.

 


 

L'équilibre entre les différents éléments, et aussi entre les éléments et les vides ou les espaces, résume le jeu des forces qui retiennent l'attention du spectateur. Si par exemple, le bouquet et son vase sont trop près du bord de la feuille, on aura l'impression qu'il veut fuir hors du cadre, ou que ce qui est intéressant se passe hors notre vision.

 

Les forces opposées doivent s'équilibrer dans et avec le cadre, ce rectangle imposé au début :

Dans les œuvres cubistes, on retrouve le souci d'équilibre qui oppose à un trait vertical, un trait horizontal; à un trait oblique, une oblique inversée ; à un triangle en hauteur, un autre orienté vers le bas, à un angle ouvert vers la droite, un autre ouvert vers la  gauche.

 

 

Analyse de la composition


Nature morte à la bouteille de Bordeaux – Juan Gris - 1915

 

C'est une curieuse manière de représenter une bouteille, elle est penchée, vue frontalement alors que la table qui la porte est vue de dessus. C'est une bouteille de Bordeaux, on le lit, mais elle échappe à une représentation limitée, on l'approche, on croit la tenir et elle glisse sous une autre apparence, peinture verte, silhouette noire, tracés blancs…

Le centre d'intérêt, là où l'œil se porte en premier, C'est le point fort, il est dans la région centrale du tableau mais pas juste au centre sinon il devient une cible qui arrête le curiosité du spectateur.

Ici, c'est cette bouteille. Sa forme, légèrement oblique est soutenue par son écho deux fois, à droite en noir, à gauche en jaune, et maintenue à l'intérieur du cadre par des obliquités dans l'autre sens. La bouteille est dessinée au trait, un peu fantomatique.

Les pôles d'attraction, ce sont des lignes alternées, montant, descendant, délimitant des formes triangulaires bien rythmées, où le bleu intense vient répondre au vert central.

Les surfaces riches, étiquettes ornées de lettres vertes ou noires sur fond blanc ou à l'inverse, blanches sur fond sombre pour le « L » de « Le Figaro », animent l'ensemble du tableau, succédant à des repos, unis, des effets de matières imitant le bois ou l'éclat du verre.

Les lignes de force, axes sous-entendus des formes, contours démultipliés des bords de la table, lignes « harmoniques », ou lignes qui épaulent, renforcent l'existence du cadre comme les moulures aux angles supérieurs à droite et à gauche, conduisent le regard, de rebond en rebond, de forme discontinue en autre forme interrompue, vers la bouteille centrale, elle aussi tronquée, mais reprise bien vite, comme une mélodie, sur un autre ton, une autre couleur, une autre technique. Elle est étrange cette bouteille, à la fois tellement réaliste, avec cet espace qui a une lumière (est-elle logique ? essayez de préciser la source), une profondeur (il y a des superpositions : la planche est « au dessus » du sous-main bleu, mais le journal, placé par-dessus, devient transparent…). Ce n'est pas juste une bouteille, c'est tout un parcours, haletant, plein de découvertes : regardez le triangle et le jeu des formes géométriques répétées, inversées, colorées en haut du verre, c'est un petit tableau géométrique abstrait.


w Refaites cette démarche sur les tableaux que vous aimez, pour mieux les connaître et mieux les apprécier.

Le sens de lecture

Selon des études d'observations de type eyes-tracking, les personnes de culture occidentale parcourent une image de haut en bas et de gauche vers la droite selon un trajet en Z. Ce n'est pas un hasard si les logos sur les documents ou les pages web sont souvent placés en haut à gauche.

De même, il semble que la gauche de l'image se réfère au passé et la droite au futur.

Un personnage qui marche et qui se dirige vers la droite de l'image sera interprété comme une personne qui s'éloigne alors que si la personne se dirige vers la gauche de l'image, on aura tendance à penser qu'elle revient sur ses pas.

Dans la même veine, un escalier nous semble descendre si il parcours l'image du coin haut-gauche vers le coin bas-droite et monter si il commence du coin bas-gauche et se termine au coin haut-droite.

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Le rythme

 

Le rythme est la respiration intérieure qui relie entre elles toutes les parties de l'œuvre. Calme ou animé, tendu ou serein, simple ou élaboré, il dépend de la rapidité, de la fréquence, des répétitions, des continuités. La distribution des grandes masses, des pleins et des vides, des lignes dominantes instaure le rythme. Les égalités de longueurs, surfaces, valeurs, intervalles sont à éviter, sauf quand volontairement, vous instituez une répétition, un rythme régulier.

En musique on met une unité de mesure, et puis les sons se succèdent, avec des silences aussi importants que des notes. C'est la même chose ici, on parlera du rythme de l'œuvre et ce sera pour apprécier la succession de graphismes, des formes, des intervalles dans le format.

Rythmes et mouvement sont liés.

 

Dans la « Nature morte à la bouteille de Bordeaux – Juan Gris» ci-dessus, les rythme inspirent silence, calme et sérénité, tout semble posé. Sentez-vous dans ces trois reproductions les différences de « tempo », dirait-on en solfège ?

 

 

      Georges Braque – le guéridon – 1911 : pyramide musicale et vibratoire                                                           

 

 

Juan Gris – guitare: paix lyrisme                                    

 

 

Juan Gris – Nature morte  avec lampe à pétrole – 1912:  rythme syncopé jouant avec la 3e dimension


 La juste mesure

 

Vous ne devez pas omettre le pouvoir de suggestion, si vous voulez raconter très fort un événement, ce n'est pas en hurlant que vous vous ferez le mieux entendre, au contraire.

Ä  On ne fait pas un bleu intense en répandant tout un tube mais plutôt en le faisant vibrer avec juste ce qu'il faut en harmonie avec les autres couleurs, c'est de l'art. il faut choisir parmi une foule de données concrètes ou mentales, distinguer l'essentiel ou l'accessoire, voir le global avant le détail.

 

En clignant des yeux, on voit plus facilement les ensembles, les masses.

 

 Ä     Cherchez la dimension, l'échelle de votre représentation, un élément de dessin trop petit dans la page fera maigre, l'ensemble sera vide et trop important ou il donnera à la page l'impression d'éclater comme pour un vêtement mal adapté.

Ä     Cherchez l'emplacement. Une figure symétrique peut être représentée selon cet axe, mais le risque de monotonie d'une disposition centrée fait « tyrannique ». Pour un objet ou une forme asymétrique, laisser un vide plus important du côté le plus compliqué redonne de l'équilibre : pour un portrait de profil, en laisser plus d'espace devant le visage que derrière le crâne.

Ä     L'espace n'a pas besoin d'être occupé entièrement, les vides, les repos sont nécessaires pour faire respirer l'œuvre. (un repos est une surface peu travaillée en contraste avec une surface riche, très élaborée graphiquement).

Ä     S'il y a plusieurs éléments, il faut les hiérarchiser, puis disposer le centre d'intérêt dans la zone centrale ou de telle sorte que le centre de gravité de la figure qui les relirait soit centrale.

 

Le mieux est de faire des petites esquisses au crayon ou au feutre en petit format et d'en faire autant que nécessaire pour arriver à la meilleure composition possible.

 

Pour résumer, votre composition doit comporter :

 

Ä     Un centre d'intérêt, un endroit attractif mis en valeur par le reste,

Ä     Des pôles d'attraction,

Ä     Des surfaces riches et animées,

Ä     Des repos ou surfaces unies,

Ä     Des transitions, liens entre ces parties :

o       des contours ou « contacts » variés, coupant, délimitant,

o       des profils durs, tranchés,

o       des « passages », fondus d'une forme à l'autre, pénétrants.

 

Enfin il faut se laisser emporter avec un œil de chasseur qui tout de suite saura reconnaître, récupérer, contrôler, exploiter l'imprévu.

 

x Amusez-vous à faire des petites compositions avec des gommettes de toutes formes collées sur des petits rectangles de bristol. Evitant l'entassement ou la pauvreté, la monotonie. Cherchez l'équilibre, des rythmes différents, calmes ou agressifs…



30/03/2009
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